Repliée sur son nounours en peluche dans le lit blanc de l'hôpital, les couverture remontées jusqu'à son visage tout pâle où s'étendait un large bleu sur la joue gauche et des entailles au menton et au front, la petite Susi devait se reposer pour se remettre des lourdes émotions de la veille. Fatiguée tout autant qu'angoissée par toute cette agitation et cet environnement qu'elle ne connaissait pas bien, Susi n'était pas bien à l'hôpital mais elle comprenait qu'elle devait y rester le temps qu'elle se remette de ses blessures. Mais les médecins avaient dit, encourageants, qu'elle devrait sortir à la fin de la semaine. Elle n'avait rien de très grave, ses blessures étaient essentiellement superficielles, mais aussi psychologiques, la petite était terrorisée depuis qu'elle était tombée dans la crevasse où elle était restée bloquée des heures et des heures à hurler, pleurer, tandis qu'elle perdait aussi du sang. Heureusement sa gentille Kida avait veillé sur elle, c'était elle qui avait guidé les secours quand elle avait entendu les chiens secouristes, elle ne l'avait pas laissé tombé tout ce temps. Mais aujourd'hui elle n'était pas là, elle était avec sa mamie qui allait venir la voir cet après-midi. Comme Kida était guide d'aveugle elle avait le droit d'entrer dans l'hôpital, mais elle ne pouvait pas rester toujours dans la chambre de Susi à cause de tous ce qu'ils expliquaient sur les bactéries et les microbes. Mais Susi, elle, elle voulait voir Kida, elle se sentait toute seule ici et elle avait peur, sans son compagnon elle se sentait perdue, perdue comme quand le méchant homme l'avait prise pour l'emmener dans la forêt, pour lui faire du mal, mais Kida était arrivée et l'avait défendue. Si le méchant revenait ici qui la défendrait ? C'était à cause du méchant monsieur qui l'avait enlevée que Susi en s'enfuyant était tombée dans la crevasse où elle s'était fait mal en s'écorchant à plusieurs endroits. Elle aurait pu se tuer.

Un toc toc à la porte fit sursauter la petite Susi qui écouta avec attention les bruits d'ouverture de la porte et de pas, légers comme d'une femme, entrer dans la pièce, avant que l'infirmière ne s'exprime gaiement, indiquant ainsi son approche et qui elle était à la petite fille pour la rassurer de ses peurs.

- Bonjour Susi, c'est l'infirmière, tu as bien dormi ? Je viens pour faire la prise de sang.

Beurk, Susi aimait pas les piqures, mais c'était une gentille fille obéissante alors elle allait rien dire ou faire pour empêcher la dame de la piquer, mais elle avait peur et puis ça faisait mal. A sa grimace à nouveau l'infirmière qui posait un plateau métallique à sa sonorité sur le chariot prêt du lit s'empressa de la rassurer d'une voix douce et maternelle.

- C'est rien ne t'en fait pas, tu sais comment c'est une prise de sang ? Ca va juste piquer un peu et après ça sera fini et tu auras un beau pansement.

Susi entendit des bruits de papiers qu'on froisse et de petits objets aux sons clairs que l'on touche et entrechoque, puis à la demande de la gentille dame elle lui donna son bras droit, avec son autre bras elle sera très fort sa peluche. L'infirmière lui disait tout ce qu'elle faisait pour pas que ça fasse peur à la petite. Elle lui posa quelque chose de froid et de mouillé sur l'intérieur du coude, puis serra au dessus.

- On y va d'accord ?

Susi, effrayée mais forte, hocha la tête et serra les dents en grimaçant quand la pointe de l'aiguille s'enfonça dans son bras. Le sang s'écoula dans le petite tube et en même pas dix secondes s'était fini. L'aiguille se retira et l'infirmière posa un pansement après avoir nettoyé la surface de la peau en lui murmurant doucement pour la calmer comme elle avait les larmes aux yeux.

- Voila, c'est fini, tu es très courageuse, ça va aller ?

Susi ravala ses larmes et hocha la tête avant de serrer fort son nounours contre elle. Avant de partir l'infirmière lui prit sa tension puis la laissa se reposer en attendant qu'on lui serve le petit-déjeuner.

Susi qui s'était recouchée dans le lit fut à nouveau surprise par des coups donnés contre la porte de la chambre, elle eut un petit sursaut et se cacha sous les couvertures toute effrayée. Elle entendit le crissement léger de la porte qui s'entrouvrait, put une grosse voix plutôt rigolote, comme déguisée, s'éleva depuis l'entrebâillement. Susi ne reconnu pas la voix, mais elle la détendit un peu, légèrement perplexe et ne comprenant pas très bien ce qu'il se passait elle attendit que la personne entre dans la pièce, et cette fois l'entendit parler avec sa vrai voix. Il ne lui fallut pas très longtemps pour reconnaitre la voix qu'elle avait entendu la veille, une voix de femme, le médecin gentil qui avait aidé avec les secours à la sortir de la crevasse. Susie, moins craintive, sourit et sortit de ses couvertures. Elle hocha de la tête affirmativement, oui, elle se souvenait d'elle, si elle ne pouvait pas voir elle avait une bonne mémoire de ce qu'elle entendait comme les voix par exemple. Elle l'entendit rapprocher la chaise puis s'asseoir à côté d'elle. Elle eut un petit rire en l'entendant parler de monsieur ours que la gentille médecin posa prêt de son oreiller. Susi posa la sienne de l'autre côté pour prendre celle de la dame, elle était toute douce, c'était un nounours qui portait un vêtement cousu sur lui, certainement celui des urgentistes à en croire le symbole cousu en relief dans son dos. Elle l'observa avec ses doigts sous toutes les coutures, sa truffe un peu plus dur sous ses deux yeux en billes rebondies et bombées, sa bouche plus rêche que son pelage aux poils courts qui glissaient entre les doigts, ses oreilles arrondies et recourbées à l'intérieur, les coutures de ses petites pattes avec des sortes de petits coussinets tout doux au bout des doigts et aussi sa queue en boule sous sa veste des urgentistes. Susi le serra contre elle en souriant.

- Merci monsieur ours…

Dit-elle doucement avant de le poser sur ses genoux après s'être à demi assise dans le lit. Elle était fatiguée mais toujours aussi pleine d'énergie. Elle n'avait qu'une hâte c'était de sortir de l'hôpital. Elle se demandait quand elle pourrait sortir, c'était long une semaine toute seule, elle voulait retrouver sa grand-mère et Kida aussi, peut-être qu'Amber le savait, ou même qu'Amber allait la faire sortir de l'hôpital si elle lui demandait gentiment. Elle serra encore le nounours avant de lui demander timidement :

- Est-ce que je peux le garder si vous plait ?

Elle avait un grand sourire à la fois attendrissant et timide en serrant la peluche tout contre elle. La présence de ses amis inanimés la réconfortait ici où elle se sentait bien seule et loin des siens. Elle avait très peur toute seule en fait, elle se sentait abandonnée et vulnérable.