Je sors la voiture et me mets dans l'axe de la route, je descends fermer le portail puis prends le chemin de la base. Je sens Gina certes fatiguée mais également très inquiète. Je pense à Jens et Anna. J'espère que ce n'est pas grave. Je tourne légèrement la tête pour voir ma femme et lui demande :

- Est-ce qu'à l'hôpital ils t'ont donné une ordonnance ? Parce que sinon je te filerai un médicament pour le fer.

Je l'écoute puis lui dis :

- Ce soir, je m'arrêterai chez le boucher et je prendrai des morceaux de steak, puis chez le fruitiers où je prendrai de noix que tu mangeras midi et soir.

Puis voyant son air étonné, je complète :

- D'ici quelques jours tu seras rétablie au niveau fer ! Et cela ne peut pas faire de mal pour le bébé !

Bon ! S'il y avait une chose que je n'ai avoué à Gina, c'est que ma mère a exactement eu le même problème qu'a Gina à l'heure actuelle ! Ne voulant pas être perfusée, elle s'est rabattue sur des noix et des bavettes. En suivant ce genre de régime, elle a mis moins d'une semaine à se rétablir ! Depuis, ma mère m'a toujours dit qu'en cas d'anémie de fer, rien n'est plus puissant que la viande rouge et les noix.

Mark me demande si à l'hôpital ils m'ont donner une ordonnance pour le manque de fer. J'écarquille les yeux en entendant Mark parler de viande et de noix. Il m'a bien regardé? Je ne suis pas une bonne mangeuse de viande. Et les noix je ne cours pas derrière. Je dis


"Je ferais un effort mais les noix j'aime pas ça et tu le sais."

Il prend la direction de la base. Je m'apprête a ouvrir la bouche quand brusquement je plaque mes deux paumes de mains sur ma tête. ça me fait mal comme si on me cogné avec un marteaux piqueur. Heureusement nous arrivons à la base.

A l'approche du parce de stationnement de la base, je ralentis et me stationne à ma place personnelle. Je mets le frein à main, regarde l'heure : 6h45 ! Bon aujourd'hui je suis en retard d'1h45. Pas de quoi fouetter un chat ! Je me tourne vers ma femme et note qu'elle se tient la tête :

- Tu as encore mal à la tête ?

Puis repensant quand elle est tombée, je lui demande :

- C'est toujours le choc ou est-ce une migraine que tu ressens ?

Auparavant elle m'a dit qu'elle mangera de la viande rouge mais que je devais pas compter sur elle pour les noix. Je décide donc de lui révéler l'histoire de ma mère :

- Gina, il faut que je t'avoue un truc ! Peu avant qu'on se connaisse, ma mère a exactement eu le même problème que toi ! Ne voulant pas être perfusée, elle s'est rabattue sur des noix et des bavettes. En suivant ce genre de régime, elle a mis moins d'une semaine à se rétablir ! Depuis, ma mère m'a toujours dit qu'en cas d'anémie de fer, rien n'est plus puissant que la viande rouge et les noix. Et quand je lui ai demandé pourquoi elle en a mangé, elle qui détestait les noix, elle m'a simplement répondu ceci : "Les noix comme la viande rouge sont des aliments très riches en fer !".


Je poursuis :

- Je sais parfaitement que tu n'y tiens pas à la viande et que tu détestes les noix, mais pense, s'il te plaît, à ce que je viens de te dire.

si j'ai encore mal à la tête? Voilà ce que Mark vient de me demander. Je mordille ma lèvre inférieur tout en l'écoutant parler. Il me parle de sa mère et de la cure de fer qu'elle avait fait avec la viande et les noix. Après tout j'essairai. J'ouvres la bouche pour dire quelques choses mais aucun son ne veut sortir. J'arrive enfin à dire

"Je sais pas Mar..."

J'ai pas eu le temps de finir le prénom de Mark que mes yeux se révulse et que je commence à convulser. Les bruits qui m'entourent commence à tous s'éloigner. La seule chose qui est là c'est la douleur. Cette douleur si forte. J'aimerais tellement arrêter ça. Je dois me concentrer sur quelques chose mais sur quoi?

- Gina ?!

Sur le coup je pâlis puis prends les choses en main : tout en éloignant les objets susceptible de lui faire mal, je prends mon téléphone et appelle la base. Par chance je tombe sur Peter, je lui demande de venir à ma place de stationnement. Je lui précise que c'est urgent et qu'il m'apporte en vitesse tout mon équipement qui se trouve dans mon cabinet.  Je lui précise ce qui ne va pas et j'entends un juron puis plus rien !

Je me concentre sur Gina et essaie de lui faire parler calmement, de lui donner un ancrage avec la réalité. Elle allait me dire quelque chose mais sa crise a été spectaculaire. Je regarde ses yeux, ils sont toujours révulsés. Je lance :

- Gina ?! Gina ?! S'il te plaît reste avec moi !

Combien de temps dura la crise de convulsions? Je ne sais pas. De loin j'entends une voix, celle de Mark me parler. Il veut que je reste avec lui, que je garde un point d'ancrage. Je me concentre sur cette voix. Les convulsions s'arrête peu à peu. La douleur à ma tête est toujours là. J'ai froid. Je dis tout bas

"Cris pas...Cris pas Mark.Froid j'ai très froid.."

J'ouvre les yeux. La lumière me fait mal je les referme presque aussitôt tout en mettant mes mains dessus pour les laisser dans le noir complet

"Va travailler je bouge pas de là. Tu es assez en retard ça va aller"

En retard ? Peter et moi nous nous regardons dans les yeux. Je lui fais signe d'ouvrir la portière et de l'emmener dans mon cabinet. Je vais d'abord m'occuper d'elle. Bon sang ! Elle m'a fichu une de ces trouilles que je ne me suis pas rendu compte que je criais. Elle me dit qu'elle a froid. J'arrête le contact à 6h58. Je ferme la voiture et pars en courant en direction de la base. Je salue rapidement tout le monde et suis heureux de voir Jens. Je lui demande de préparer l'hélicoptère pour emmener ma femme à l'hôpital. Je veux savoir d'où vient cette crise. En plus Gina a froid. Je tombe sur mon supérieur et lui explique rapidement la situation : ma femme vient d'avoir une crise de convulsion et elle a actuellement froid. Il comprend que la situation est grave et me laisse tranquille. Aussitôt à l'intérieur, Peter et moi tentons de maintenir sa température qui a chuté et Gina est dans un état proche de hypothermie.

Je lui fais une piqûre pour remonter son niveau de fer après avoir regardé tous les effets secondaires : aucun ne peut mettre en danger la vie de la mère et de l'enfant. Je la mets dans la civière que vient de m'apporter Jens, je la recouvre avec deux couverture : l'une en polaire, l'autre est celle que nous utilisons pour maintenir le niveau corporel à 37° C.

Sitôt l'opération terminée, nous nous dirigeons dans l'hélicoptère, la hissons, lui donnons le casque, nous nous installons à notre tour de part et d'autre d'elle et décollons. Au cours du trajet nous séparant de l'hôpital, je continue à lui parler à travers le casque :

- Gina ? Comment te sens-tu ?

Je ne me suis même pas rendus compte que je n'étais plus dans la voiture. Je réalise à moitié sonné de ce qui se passe quand je sans une aiguille. Une piqure. J'ai toujours détesté cela. Pourtant je n'ai pas la force de protester. Je sens à nouveau l'air frais autour de moi. Je sens un casque sur mes oreilles. J'entends Mark me parler. Il veut savoir comme je me sens. Je dis

"Je suis fatiguée... Je me sens bizarre.."

Je n'ai pas pour habitude de me sentir bizarre, de le laisser apparaitre. Je prends la main de Mark. Elle est chaude contrairement à la mienne qui est glacé. Je dis

"Tu vas être en retard au travail"

Son état demeure préoccupant : fatigue, carence en fer sans compter la grossesse et notre dispute qui s'est terminée très tard. Personne n'a dormi et encore moins elle ! Elle avait sans doute sommeil ! L'anémie + fatigue + grossesse apparemment à risque donne une véritable chute de tension et de température corporelle. Je me mords la lèvre inférieure au point qu'elle se met à saigner.

* M**** ! J'aurais dû la laisser dormir et ne pas p**** un câble !

Je jette un coup d'oeil au moniteur et vois que la chute de la température continue : Gina a atteint le stade de l'hypothermie ! J'ordonne à Peter de mettre une autre couverture sur ma femme. Tout en lui frottant le corps je demande à Jens dans combien de temps il reste à parcourir, il me réponds dans 1 minute. Je me tourne vers ma femme et lui dis :

- On est bientôt arrivé ma chérie ! Tiens bon s'il te plaît ! Non je ne suis pas en retard et tu es à bord de l'hélicoptère. Nous arrivons à l'hôpital !

Ne me sentant pas près à travailler et inquiet, je demande à Jens de contacter la base, il règle sa radio et je peux m'exprimer :

- Mark Harland de Médicopter 117 ! Ma femme ne va pas bien et je souhaite prendre exceptionnellement un jour de congé ! A vous !

J'entends la radio grésiller et j'entends la voix de Monsieur Hebelsieder me demandant des nouvelles de ma femme. Je lui explique qu'elle est désormais en hypothermie et que, même si sa tension est restée stable, celle-ci va certainement chuter à son tour. Un silence se fait entendre, mais dans mon casque j'entends les claquements de dents émis par ma femme. Puis le chef me répond qu'il m'accorde exceptionnellement ce congé et me prie de lui donner des nouvelles de Gina. Je lui promets. Le contact radio se termine ici. Jens m'annonce enfin que nous sommes arrivés et qu'il est en train d'atterrir. Je suis sur le point de lui demander comment va sa fille mais je n'ai pas envie de faire toute une publicité. On a suffisamment à s'en faire lui et moi que ce n'est pas la peine d'en rajouter.

Je n'ai pas beaucoup dormis la nuit dernière. Pas dormit du tout serait plutôt le mot exact. Je vois Mark se mordiller la lèvre jusqu'au sang. Je n'aime pas quand il fait ça, quand il se sent responsable de quelques choses. Je sens une nouvelle couverture et Mark essayer de me réchauffer en frottant mon corps.


"ça va je suis là. Je tiens bon..Tu saignes"

Je sens l'hélicopter atterir. J'ai de plus en plus froid mais une autre sensation est entrain d'apparaitre. Comme si on m'oppressé de plus en plus. Mon cœur commence à battre la chamade. J'essais d'arracher ce qui me relie au moniteur pour que Mark ne s'en apperçoive pas. Je ne veux pas qu'il s'inquiète.

Je continue à la frotter pour la réchauffer quand elle me parle enfin. Je pousse un soupir de soulagement. Elle me dit que je saigne. Je hausse les épaules et lui dis :

- Ca ?! Ce n'est rien ! Tu m'as fichu une de ces trouilles mais bon on a atterri et je vais laisser les médecins de l'hôpital prendre le relais.

Je souris et ajoute :

- Je t'attends à la sortie de la salle d'examen.

Je m'apprête à la débrancher du moniteur quand je vois qu'elle essaie d'arracher les électrodes. Je fronce les sourcils et lui dis :

- Que t'arrive-t-il Gina ?! Ne fais pas ça car tu es en train d'abîmer les électrodes et on en a vraiment besoin.

Je comprends qu'elle me cache encore quelque chose mais cette fois-là je vais savoir ce qui se passe. En effet je ne lui ai pas dit que je viens de prendre un jour de congés et comme elle je n'en ai pas l'intention de lui révéler ce petit détail. Une fois débranché, je sors et ouvre le panneau arrière. J'aide les médecins présents à la mettre sur leur brancard et les suis avec... Jens. J'explique calmement ce qui s'est passé durant ces dernières 24h et, une fois devant la salle d'examens, je les laisse avec ma femme.

Jens me rejoint aussitôt et me propose un café. Surpris, j'accepte et, plus tard, alors que Gina est encore en salle d'examens, il revient avec un gobelet rempli de café court et corsé. Il me le tend et je le prends en le remerciant. On s'assoit tous les deux sur les chaises situées en face de la porte. Je lui demande :

- Comment va ta fille Anna, Jens ?

Il me répond que ça pouvait être mieux. Il soupire et continue en me disant qu'à minuit un jeune étudiant complètement drogué l'a percuté à 90 km/h. Il ajoute qu'elle s'en est sortie vivante mais elle a une vertèbre brisée, un bras et une jambe cassés. Et bien entendu elle a des égratignures à tête, les bras, les jambes et le dos. Je respire un coup et je lui dis que je suis navré que cela soit passé ainsi. Je connais Anna et je sais que c'est une jeune femme forte et volontaire.

Je tape derrière l'épaule de mon ami, qui me demande ce qui s'est passé hier. Je soupire et je lui explique en prenant garde de ne pas lui révéler la grossesse de ma femme. Après tout il est encore trop tôt. A son tour, il me tape dans le dos et il me dit qu'il doit repartir car à présent il n'y a plus qu'un seul pilote. Je hoche la tête et le regarde s'éloigner.

Mark vient saigne et il as dit que se n'était rien du tout. Bon sang il se mords et il dit que se n'est rien. Nous avons atterit apparemment. Je suis navré de lui avoir fait peur. Il m'arrête d'arracher les électrodes. C'est vrai elle peuvent s'abimer. C'est à contre cœur que ça s'arrête. Mais il n'a rien remarqué. Me voilà donc prise en charge. Je ne comprends pas trop ce qu'il se passe ni le temps que ça dura. J'entends des voix crier brusquement de loin tout en entendant un bip strident de loin. Puis tout devint soudainement noir. Quand je reviens à moi je me retrouve avec une perfusion, je suis branché à un moniteur. Et il y a quelques chose dans ma bouche m'empêchant de parler. Intuber? Quelqu'un m'a intubé? ça veut dire que j'ai dus faire un arrêt. ça me gène

*Pitié pas ça..*

Je commence à me débattre en voulant rejeter le tuyaux je n'en ai plus besoins maintenant. En tournant la tête je vois Mark sur une chaise il a les traits tiré et il dort. Assit il va avoir mal au dos au réveil. Seulement là tout de suite j'aimerais bien qu'il se réveil et qu'il m'enlève ce tube avant que j'arrive à l'arracher car je sais que je ferais plus de mal qu'autres choses. J'arrive avant ma main à attraper la télécomande du lit que je lance sur Mark pour le réveiller tout en évitant de lui mettre dans la figure me raccrochant à une seule pensée

*Réveille toi s'il te plais...*

Ma femme a fait un arrêt cardiaque pendant les examens. C'est sans doute pour ça qu'elle a voulu arracher les électrodes : pour ne pas m'inquiéter. Ne sachant quoi penser et le regard vide, j'observe mes confrères se démener comme de beaux diables pour ramener Gina à la vie. Ils sont tout de suite entrer dans la salle d'opérations pour faire ce qu'il convient de faire. Je me lève et me dirige devant la porte et regarde par la fenêtre. Ils lui ont mis le tube pour la perfusion et lui ont mis sous respirateur artificiel. Je soupire et me maudis encore plus ! Je n'aurai pas dû me disputer hier. Une heure plus tard, qui, pour un proche de la victime, semble durer une éternité, la porte de la salle s'ouvre et laisse sortir le médecin chirurgien de ma femme qui, tout en se débarrassant de ses gants, se dirige vers moi.

 - Monsieur Harland ?


Inquiet, je le regarde, acquiesce et lui demande :

 - C'est moi Docteur ! Comment va ma femme ? 


Il me regarde avec un air grave et me réponds :

 - Votre femme a fait un arrêt cardiaque pendant nos examens. Nous avons réussi à la sauver mais je crains que le fœtus ait des séquelles !


Abasourdi par la nouvelle, je le regarde et dis machinalement :

 - Des séquelles ?! Est-ce que cela veut dire que notre futur bébé n'est... plus viable ?


Il me regarde tristement et me réponds :

 - Oui je le crains Monsieur Harland ! Déjà votre femme est venu hier à l'hôpital pour des examens et déjà les chances étaient faibles. Dès que votre femme sera réveillée, prévenez-moi que je lui explique la situation. Après libre à elle de décider d'avorter ou non. Mais je dois vous prévenir que si elle décidait de continuer sa grossesse, alors il y aurait 99% de risque que le bébé naisse mort et qu'elle y laisse aussi sa santé.


Perdu dans mes pensées, je me prends la tête et demande tristement :

 - Et Gina, ma femme ? Qu'a-t-elle exactement eu ?


Il hoche la tête, me dit qu'il ne sait pas encore et ajoute que dès qu'il aura les résultats des analyses, il montera me les donner.


La mine sombre, je lui dis :

 - Merci Docteur !

Abattu, je me dirige dans la chambre où dors Gina, la regarde et la caresse. Je vois une chaise et m'assoupi sans rêver. Elle et moi avons perdu notre enfant ! Quelques heures sont passés et je reçois subitement une télécommande. Gina ?! Je me réveille en sursaut et la vois en train d'essayer d'enlever le tuyau la reliant au respirateur artificiel. Je saute vers elle, stoppe son mouvement sans rien lui dire et la regarde avec un regard à la fois coupable et triste.

La télécomande du lit vient de faire bondir Mark sur ses pieds. C'est assez violent comme réveil. Il ne met pas longtemps à comprendre d'où lui venait le projectil qu'il vient m'empoigner les poignets pour m'arrêter dans mon geste. Il ne veux pas que je retire le tube. Mon regard se pose dans le sien. Pourquoi il ne veut pas Je sens des larmes couleur le long de mon visage. Des larmes silencieuse

*Pourquoi?*

Je me sens comme impuissante, je ne comprend pas ce qu'il se passe. Le bébé? Comment va le bébé. Mark semble inquiet. Je n'aime pas ça, non je n'aime pas le voir inquiet. Je me raccroche à une pensée

*Le bébé?? Enlèves moi le tuyaux regarde le moniteur j'en ai plus besoins.*

J'essais d'attirer l'attention de Mark vers le moniteur. Pour lui montrer qu'il peut retiré le tuyaux que je respire sans.

Nous nous regardons en silence puis d'une seule main et sans dire un mot à ma femme, j'appuie sur le bouton. Quelques minutes après arrive le docteur mais avant je me racle la gorge et lui dis :

 - Ecoute, je sais que tu meurs d'envie retirer ce tuyau mais je ne peux le faire ! 

J'hésite entre lui dire ce que m'a dit le médecin et me taire et laisser dire mon confrère. Au bout d'une minute, je me mets au bord du lit et, voyant les larmes de ma femme, la prends délicatement pour la consoler. Je sens qu'elle se pose et me pose des tas de questions mais je garde le silence. De toute façon je ne sais pas quoi dire ni par quoi commencer. Le médecin arrive et nous dit :

 - Bon retour parmi nous Madame ! Vous vous demandez sans doute pourquoi vous êtes branchée à l'appareil respiratoire ?

Il attend une réponse de ma femme, pendant ce temps je jette un œil à un moniteur puis demande aussitôt à mon confrère :

 - Peut-on lui retirer le fameux tuyau ? Elle n'en a plus besoin !

Le médecin se tourne vers moi et répond à nos deux demandes :

 - Vous avez fait, Madame, un arrêt cardiaque pendant nos examens, nous avons pu vous réanimer. Non Monsieur Harland ! Il vaut mieux pour elle qu'elle reste brancher. Elle semble croire qu'elle respire alors qu'en fait c'est le respirateur qui provoque ces tracés.

Le médecin me montre le moniteur puis continue en soupirant :

 - Certes l'anémie de votre femme s'est aggravée mais elle a également un souffle dans le cœur  Certes cela ne va pas handicaper votre épouse mais je doute sérieusement qu'elle puisse être de nouveau enceinte.

Ma femme et moi nous regardons une nouvelle fois et je demande péniblement :

 - Et... le futur bébé ?

Le médecin nous regarde tristement :

 - Nous avons pu faire une batterie de tests avant l'heure, mais il faudra attendre quinze jours pour être fixé...

Je l'interromps brusquement :

 - Allez-y au fait docteur !

Le médecin, d'une voix lasse, nous dit tout de go :

 - Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je crains qu'il va falloir... avorter ! Sinon c'est votre épouse qui va mourir !

Mourir ?! Pas question qu'elle meure ! C'est ma femme à qui vous vous adressez Docteur ! Vous ne pouvez pas dire qu'elle risque sa vie pour un bébé !

Je sens la colère qui remonte et la culpabilité. Je respire un bon coup deux ou trois fois puis me tourne vers ma femme avec l'air de lui dire : "Rappelle-toi ce que nous avons dit plus tôt dans la matinée ! Je t'en prie ma chérie ne fais pas de bêtise ! Pardonne-moi mon amour, j'ai agi comme un crétin de seconde zone !

Mark me dit qu'il ne peut pas retirer le tuyaux. Pourquoi bon sang? Il est bien médecin il sait le faire. Tiens en voilà un qui arrive. Pour l'avoir déjà croisé par le passé sa nature pessimiste est bien connus. Comment ça c'est la machine qui respire pour moi. Je sais quand même faire la différence. Je l'écoutes épiloguer. Et blabla re blabla. Mark me lance ce regard qui en dis long. Le médecin finit par s'en aller nous laissant tout les yeux. D'un geste je montre à Mark que je veux écrire. Si je ne peux pas parler je vais écrire le fond de ma pensée.

*Tu vas être gentil et me laisser m'exprimer avec un stylo. Aller Mark donne moi ce calepin.*

Je n'ai jamais été bonne avec le langage des signes mais je fais de mon mieux pour que Mark comprenne mes désirs.

Le médecin est parti ! Quel prétentieux et arrogant ?! Pour qui me prend-il ?! Je sens la rage et l'envie de le rattraper pour lui toucher deux mots ! Je regarde plus attentivement le moniteur : c'est ça oui ! Complètement stupide ! On voit bien que ce n'est pas l'appareil respirateur qui trace de telles courbes. Je fermes mes poings et me force à me calmer. Avorter ?! Et puis quoi encore il connaît ma femme ? Non il vient juste de la rencontrer et de la soigner ! Moi oui ?! Je suis toujours en colère contre cet ingrat de médecin quand je me tourne vers ma femme qui me fait signe. Je mets deux minutes pour comprendre qu'elle veut écrire. Je prends le stylo et le calepin et lui tends. J'ai d'ores et déjà une petite idée de ce qu'elle veut me dire.

En effet, elle écrit et me tend le calepin : "Retire-moi ce f***** tuyau !"  Je regarde le moniteur, puis ma femme, puis je lui dis de ne pas bouger si elle tient à sa jolie voix. Je la débranche et ai aussitôt la confirmation qu'elle respire. Je lui enlève le tuyau et lui explique que je ne pouvais pas le faire parce que je savais que le médecin allait venir. Je lui fais un clin d'oeil. Je lui dis que je ne lui enlèverai par contre pas la perfusion, car il est vitale qu'elle se remette. On discute du bébé, je lui dis d'attendre tout simplement les quinze jours et qu'on avisera lorsque les résultats seront connus. Je lui promets de la voir tous les jours et pars en direction de la maison. 

Quinze jours passent et je continue comme promis à lui rendre visite.

Aujourd'hui c'est le grand jour ! Gina et moi serons fixés sur le bébé. Nos collègues et notre chef nous ont soutenu durant cette période difficile. Gina a reçu la visite de Jens qui lui a rassuré, Peter,... et Karin. Anna est sortie de l'hôpital et a repris ses cours. Je rentre à la maison pour me laver et me changer. Je fais le ménage et prépare la table. Je mets deux couverts au cas où ma femme puisse rentrer à la maison. Elle va être surprise et je l'espère, agréablement surprise. Je prends les clefs de la voiture et pars en direction de l'hôpital. J'achète des fleurs et je me rends dans la chambre. Je tape à la porte et entre :

 - Bonjour ma chérie !

Je l'embrasse et lui tends mon bouquet.

 - Comment te sens-tu ? 

Nous n'avons à peine commencé que le même chirurgien qui la soigné, pessimiste comme le dit ma femme et prétentieux comme je le dis moi, entre. L'heure de la vérité a sonné ! Gina et moi nous nous serrons les mains, à la fois inquiets et sereins. Il nous dit avec un grand sourire :

 - Bonjour Madame, Dr. Harland ! J'ai quatre bonnes nouvelles dont une qui devra être confirmée plus tard : 1) Votre femme est désormais hors de danger, ses analyses sont même excellentes. Ce qui veut dire qu'elle peut rentrer chez elle ce soir ! 2) Le fœtus est quant à lui bel et bien vivant ! 3) Concernant la mère pourra accoucher sans crainte dans 6 mois. Et...

Je souris et embrasse ma femme chaleureusement !

Le médecin attend un long moment ! Gina et moi le regardons avec bonheur et n'en pouvant plus lui demandons d'accoucher la dernière nouvelle. Le sourire du médecin s'élargit et il nous dit : 

 - 4) Votre futur enfant est viable !

Sans nous donner le temps de réagir il nous dit :

 - Mais cette quatrième nouvelle doit être confirmé dans trois mois. Votre femme est enceinte de trois mois seulement. A la prochaine échographie, nous saurons s'il sera viable et en bonne forme et son sexe. 

Il s'en va en nous souhaitant une bonne soirée. Il part ! Je serre ma femme dans mes bras et sors en courant, rattrape le chirurgien et lui dit :

 - Merci infiniment docteur ! 


La suite est sur le chat ! [RP classique fini]