C'est un lundi matin de vacances scolaire, la petite Marie a été déposée par sa mère chez ses grands-parents. Gina va prendre la relève d'ici une petite minute. Quant à moi, je vous avoue que je suis claqué car j'ai été amené à intervenir une dizaine de fois. Les urgences ne manquent pas en cette période. La semaine prochaine Anna sera parmi nous pour faire son stage. Elle est à la fois impatiente et inquiète pour je ne sais quelle raison. Je suis sûr et certain qu'elle va faire d'excellent travail mais elle semble douter d'elle-même. Je pense que les paroles de Jens ces derniers temps sont pour quelque chose. Bref !

Je suis appelé pour un autre accident de la route causé par un conducteur qui a plus de 0,50 g/L d'alcool dans le sang. Le malheureux est décédé sur le coup après avoir percuté une autre voiture familiale. Bilan : 3 morts et 2 blessés graves. Les survivants sont de malheureux enfants dont l'âge est compris entre 3 et 6 ans. Pauvres petits ! Déjà orphelins ! Peter et moi nous les soignons comme on peut mais notre cœur saigne de voir ces petits. On les évacue à l'hôpital le plus apte et le plus proche, puis nous rentrons. Sitôt à la base, nous sortons la mine sombre. J'entre et vois Gina, Florian, Karin et le petit nouveau qui est alcoolique. Ce jour-là tout devait se passer comme d'habitude sauf qu'un événement est sur le point d'arriver. Pour le malheur de Gina et du mien. En attendant nous sommes tous concentrés sur nos tâches.

Je m'approche de Gina qui semble prendre ses distances avec moi et lui dis en l'embrassant :

- Bonjour Gina ! Comment vas-tu ? Et les jumeaux ?


Les jumeaux sont gardés par la cousine de Gina qui a longuement insisté pour qu'ils viennent la voir chez elle. Elle, qui peut accoucher à tout moment de ses jumeaux, ne semble pas inquiète ! Personnellement je le suis car personne ne sera là pour l'aider au cas où et les jumeaux sont hyper-actifs. Je l'écoute et lui souris puis pars dans mon cabinet faire mon rapport du jour. Quelques minutes après je sors puis regarde par la fenêtre et vois marcher à vive allure un homme brun, de type caucasien. Il semblait nerveux et semblait vérifier quelque chose sous son blouson. Je ne dis rien et replonge dans mes occupations. L'homme entre, me voit et demande :

- Où est Gina ????

Je le regarde surpris et lui demande qui il est. Je n'ai pas eu le temps de faire le tour de la question que Gina arrive et s'arrête interdite. Elle dit un nom et ne peut pas faire un seul geste. Je m'écarte de cet homme, me dirige vers ma femme pour lui demander quelque chose mais j'entends un bruit caractéristique d'une arme à feu qu'on sort d'un étui.

- Sale traînée ?! Tu ne crois pas que tu vas t'en sortir comme ça ????

Je me retourne et vois cet homme pointer l'arme sur ma femme qui est paralysée par la terreur. Je décide de parler calmement à cet homme :

- Calmez-vous Monsieur ?! Je m'appelle Mark Harland. Je ne vous veux aucun mal ni les autres...

Les autres sont venus voir ce qui se passait dans cette salle et nous voient devant cet homme qui se retourne et leur dit :

- Vous là ?! Mettez-vous ici devant moi et mettez-vous à terre ?!

Il se retourne vers moi et Gina et hurle :

- ET VOUS AUSSI MONSIEUR ?! SAUF TOI LA TRAÎNEE ?!!!!

Je lui demande gentiment de baisser cette arme avant qu'il y ait un blessé ou un tué. L'homme pointe son arme vers moi et recommence à hurler. Je regarde Gina du coin de l'oeil et lui fais signe que tout va bien se passer. Je me baisse progressivement tout en le regardant et en pensant :

* Bon sang ?! Que veut-il à la fin ? Qu'est-ce que Gina a bien pu faire pour que ce type soit à ce point désespéré ou malade ?*

Je le regarde tout en m'accroupissant mais me tiens prêt à intervenir au cas où. Ce cinglé a cessé de me mettre en joue mais vise Gina au niveau du cœur en hurlant :

- ALORS NON SEULEMENT TU FOUS LE CAMPS SANS ME PREVENIR COMME CA D'UN CLAQUEMENT DE DOIGTS MAIS EN PLUS TU T'ES REMISE AVEC CE PAUVRE C** !

Il me désigne avec son arme et Gina commence à vouloir le calmer et à lui donner des explications. Ce faisant elle commet la pire des erreurs car l'homme commence à faire des gestes montrant un mélange de mépris, de chagrin, de colère. Il pointe son arme et tire. En sentant qu'il allait tirer sur ma femme, je me redresse et saute devant elle. Je reçois la décharge au niveau de l'abdomen. Gina semble ne pas réaliser encore ce qui vient de se produire mais l'homme se rapproche de moi et donc d'elle et lui dit vertement :

- ET HOP UN C** EN MOINS ?! UN ?! A TON TOUR MAINTENANT !!!

L'homme menaçant se met à ma hauteur sans vérifier si je suis mort et sans me tirer une autre balle. Je grimace de douleur et commence à plier une jambe en prenant garde à ne pas réveiller ses soupçons. Heureusement il ne me regarde pas ni m'entend, il semble être hypnotisé par Gina. Encore un pas et je lui fais un fauchage. Je me concentre plus sur l'homme et sur moi. L'objectif est clair : neutraliser cet individu avant qu'il y ait un meurtre. Pendant ce temps Gina s'éloigne de lui et finit par être acculée contre le mur. je l'entends parler et note que sa voix est chevrotante : a-t-elle réalisé ce qui s'est passé ? Je ne doute pas une seule seconde car il y a une flaque de sang à côté de moi et sous moi qui s'élargit de minute en minute. Pauvre Gina ?! Je ne dis rien, suis le regard du taré et regarde ma femme pour lui dire silencieusement :

- *"Ne dis rien et ne fais aucun signe révélant que je vais intervenir sinon tu peux me dire adieu Gina ?!!!"*

Il s'est suffisamment approché de Gina et de moi pour que je puisse lui faire un balayage de la jambe. Il a commencé par l'insulter de plus belle puis à l'étrangler. Mon sang ne fait qu'un tour et je ne perds pas mon temps. Je fais volontairement un bruit pour qu'il relâche ma femme et le fauche. Manque de bol il a tiré derechef sur moi dans l'intention de m'achever. La balle me frôle au niveau de la tempe et avant que je puisse faire quoi que ce soit d'autre, Gina l'a désarmé et l'a assommé. Cet ultime acte est la dernière chose que je vois car progressivement je perds connaissance. J'entends plusieurs bruits de luttes, la voix de Jens qui, a priori, a fini de neutraliser le tireur. Je m'enfonce de plus en plus dans les ténèbres et la dernière chose que j'entends c'est Gina qui me demande de serrer sa main.

J'essaie en vain : il ne m'a fallu pas trop de temps pour comprendre que je viens de tomber pour la dernière fois dans un autre coma et je recommence à lutter pour ma propre survie, pour nos enfants, pour Gina, pour Marie, pour Diane et pour toute l'équipe. Ce dont j'ignorais complètement, c'était que ce coma est plus profond que le précédent.

J'entends Jens qui dit qu'il va faire décoller le BK117, on m'évacue et on m'emmène à l'hôpital le plus réputé et le plus proche de la zone du drame. Il y a autre chose dont j'ignorais également, c'est qu'il y avait des journalistes, mais ça c'est une autre paire de manche.